Saturday, 3 May 2014

Léon Blum plus moderne que les "modernistes" sociaux-libéraux!

En relecture au café des pages de la biographie de Léon Blum par Lacouture consacrées à la période 1921-1927.
Je cite: "il est vrai que (...) des formes nouvelles du capitalisme sont apparues (...) que la création et le développement, par dessus la concentration industrielle, de ce que vous appelez la superconcentration bancaire, (...) il est vrai que ce capitalisme impose sa dictature même aux États, même aux institutions politiques et que nous le voyons commettre chaque jour de nouvelles usurpations de souveraineté."
Ce sont les mots de Léon Blum en 1927, et non d'un observateur de la crise financière de 2008 qui imposa à tous les États une explosion de la dette publique, des politiques imposées en Europe par la Troïka, alliance des droites politiques et des relais institutionnels des marchés financiers, ni d'un critique du Traité de libre-échange transatlantique qui prévoit un abandon de souveraineté des États au profit de l'arbitrage privé.

Et sommes nous finalement face à une telle "modernité" que la réponse ne puisse être celle d'une philosophie politique d'action et de transformation sociale?

Le combat au sein de la social-démocratie européenne n'est pas entre les anciens et les modernes, mais entre ceux qui veulent transformer encore les rapports sociaux et économiques pour éviter les pires catastrophes, les exploitations les plus viles et extrêmes, et ceux qui ont abandonné tout espoir de changement, qui espèrent, en appliquant les mêmes recettes que nos adversaires, en en réduisant juste l'amertume, qu'une aumône future sera faite, qu'un peu de la prospérité d'en haut redescendra vers le bas.
Il y a des irresponsables au sein du parti. Ce sont ceux qui, capitulant devant les gouvernements de droite, appliquant leurs méthodes de gouvernement, sapent les ferments de la démocratie.
Ce sont ceux qui, sourd à l'inefficacité même de ces potions amères, même sucrées d'une grâce aux petits retraites, choisissent le divorce de la base et de ses représentants, plongeant la gauche dans la torpeur, prêts à laisser le nouveau fascisme séduire les classes populaires et moyennes.
Ce sont ceux qui, esclaves de maîtres financiers, ont abdiqué leurs capacité de combat, dissimulant leur obéissance derrière une façade autoritaire et décidée.

Les irresponsables vont faire de la 5ème puissance économique mondiale une nouvelle Grèce.

Moi je leur dis Non.
On est dans ce combat pour porter le rapport de force, le conflit.
On est dans ce combat pour défendre la démocratie.
On est dans ce combat pour que toute la société prospère dans la paix et le respect, dans un environnement préservé.

On est pas dans ce combat pour éviter des "remontrances" de politiciens de droite, qu'ils s'appellent Barroso, Oliver Rehn, Merkel ou Draghi. Ni pour se courber devant le nouveau mur de l'argent.

Suis-je dangereux gauchiste, utopiste désespéré ?
Je suis cadre dirigeant dans le privé, je n'ai jamais travaillé que dans le privé, à l'international. J'ai été directeur gérant d'une sarl avec 60 salariés, je dirige aujourd'hui une organisation répartie entre Londres, L'Allemagne, la Suisse et L'Autriche.
Je vends des solutions informatiques aux entreprises et gère des organisations commerciales complexes sur plusieurs pays.
Les solutions que je vends sont dans l'informatique décisionnelle. C'est au coeur de la fabrique à décisions des entreprises et des investisseurs.
Les entreprises pour lesquelles j'ai travaillé ont pu être des start-up ou cotées au Nasdaq, au Nikkei.
Parti de pas grand chose, j'ai progressé dans cette classe sociale qui profite de la concentration des richesses vers le haut.
Et j'observe de l'intérieur les processus de décision, les motivations aux investissements ou non, le jeu des acteurs économiques, l'importance sous-estimée par elle-même de la puissance publique comme régulatrice et donneuse d'ordre.
Je vois les habitus sociaux. Je ne les partage pas. Si je me permets 3 vélos, je n'ai pas de permis de conduire ni ne joue au golf (je joue aux échecs, loisir bien plus répandu en clubs dans les classes populaires et modestes que ce que son image véhicule).

C'est de cette position que je parle.

Léon Blum avait raison en 1927 de tirer de son analyse à la fois une volonté d'action politique face à une domination de la Finance qu'il voyait d'abord s'attaquer aux fondements politiques de la société. Il avait aussi raison, face à l'echec d'un cartel des gauches dominés par les radicaux et les républicains, de vouloir construire une unité de la gauche qui sera menée au pouvoir par la SFIO.

Nous avons besoin d'une alliance à gauche, qui sera menée non pas par les sociaux-libéraux qui font en ce moment là démonstration de leur impuissance.
Mais bien par les femmes et hommes socialistes qui croient en l'action, au delà des postures tribunitiennes, mais au coeur des conflits et des combats à mener.
 
 

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