Monday 2 November 2015

Le hasard moral de l'Allemagne, bénéficiaire de la crise européenne

Une intéressante analyse trouvée dans le Süddeutschen Zeitung : les crises financières puis dans la zone euro la crise grecque, en effrayant les investisseurs, les a amené à acheter de la dette publique allemande, faisant chuter son taux d'intérêt, économisant sur la période 200 milliards d'intérêts. Le budget équilibré de Schäuble n'aurait pas été possible d'après cet économiste allemand sans crise de la dette publique en zone Euro.
Mais un deuxième phénomène s'est aussi produit en Allemagne qui aide à comprendre à la fois la faiblesse de la demande intérieure entre 2001 et 2009 et la force financière de l'Allemagne depuis 2007: la réunification a été une période de surendettement privé, atteignant trois fois le PIB, quatre fois la dette publique, entre 1990 et 1998.
De 2001 à aujourd'hui, mais surtout depuis la crise et les politiques monétaires extensives à taux bas, l'économie allemande s'est desendettée dans son ensemble. Les ménages n'ont pas emprunté pour consommer, mais ont épargné pour rembourser leurs crédits, réduisant la demande allemande, et aussi les importations.
Mes remarques :
Alors le petit retraité, l'épargnant de livret A lui a perdu, la rémunération de son épargne étant inférieure à l'inflation, et ce sont les perdants de cette séquence que l'on retrouve à l'AfD ou dans les cortèges sinistres de Pegida.


L'Allemagne est la grande bénéficiaire de la crise, et n'a intérêt ni à la solidarité européenne ni à la résolution de la crise.
Qu'elle demande maintenant, sur la question des réfugiés, et à juste titre, solidarité et ouverture, apparaît à nombre de ses partenaires européens comme hypocrite ou contradictoire. En dehors de la zone Euro notamment les États en font à leur idée.
L'Allemagne de Merkel gagnerait à comprendre qu'un projet européen ne peut se construire sur les intérêts d'un seul groupe de pays, et s'interroger sur les valeurs et les principes qu'elle défends pour ce projet européen.


Le traitement de la crise grecque, et le refus absolu opposé notamment aux demandes de Papandreou en 2010, de Samaras en Octobre 2014 ou de Tsipras dés février 2015, de couper la dette publique grecque, de ne pas refinancer par un  endettement croissant, mais d'investir dans le futur, était fondé théoriquement par l'idée de hasard moral: en permettant à un pays de s'Enfuir avec de mauvaises pratiques comptables et budgétaires, on créerait une incitation pour tous les pays à mal se conduire.
Pourtant, entre la petite Gréce et sa dette publique représentant 2% de la dette publique européenne, et l'Allemagne, le risque de hasard moral est du côtè du plus gros!
Finalement, c'est l'irruption dramatique et meurtrière de l'histoire, qui ne supporte pas de traitement juridico-comptable, mais de la politique, qui peut-être forcera l'Allemagne à comprendre être elle-même, pour l'ensemble de l'Europe, celle qui se conduit mal.
Faire le choix de la solidarité, c'est un choix politique, pas un impératif juridique. C'est le seul choix de l'Allemagne si elle souihaite un avenir à l'Europe Unie.

http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/frickes-welt-sanieren-ohne-luftballons-1.2713691

Thursday 22 October 2015

Entre délire et grotesque

Instrumentaliser l'histoire pour servir les intérêts particuliers du présent

Il y a 167 ans, les ouvriers de Vienne se préparaient, sans espoir de vaincre, à l'assaut des troupes impériales autrichiennes. L'assaut, fin octobre 1848, fit 2000 morts, sans compter les exécutions futures, les emprisonnements et les tortures. Le Député allemand Robert Blum devait être aussi exécuté, illégalement.
L'écrasement de Vienne est le prélude sanglant à celui de la Hongrie, puis à la fin de tout espoir révolutionnaire allemand dans le sang des badois. Berlin avait été maté plus tôt dans l'année. Après le massacre de 250 berlinois, dont des enfants, l'armée prussienne devait enfermer dans une caserne près de 500 ouvriers et artisans saisis aux hasard dans les faubourgs, pour les torturer, les humilier, les faire crever de faim, pour se venger de la peur qu'ils inspiraient.
Pratique comme on le voit habituelle des dictatures, Assad n'a rien inventé.
La révolte de Vienne commence en mars 1848 par une manifestation de femmes travailleuses, à qui le gouvernement voulait baisser le salaire de 25%, sabrées par la police, faisant plusieurs mortes.
La révolution française de 1848 s'achève elle en Juin, lorsque l'armée vient tirer sur les ouvriers pour une revendication salariale. Il faut relire la violence des débats parlementaires de juillet, lorsque Proudhon propose une réforme fiscale, lorsque Hugo vient dénoncer l'extrême pauvreté.
Revendications sociales et émancipation démocratiques sont liées. 
Elles sont indissociables. 
Condamner l'auteur de textes de 1852 parce que, faisant le lien entre les deux, il ne voyait d'autres méthodes pour les réaliser que la révolution et le renversement d'un ordre de domination par un autre, c'est faire bien peu preuve de culture historique et démocratique. La République sociale de Waldeck-Rousseau n'est pas possible sans le souvenir de Juin 48 et celui de la Commune. 

Cependant, ce n'est pas le monde de 1848 qui nous permet de comprendre 2015. Condamner par sophisme toute réflexion sur les rapports sociaux au nom d'un texte de 1852 écrit dans un contexte de violences, déclenchant une vague de réfugiés européens en Angleterre et aux Etats-Unis, c'est instrumentaliser, dans une vision révisionniste de l'histoire. 
C'est ce que fait Laurent Joffrin aujourd'hui. Dans le procédé rhétorique, et l'emphase, c'est la même méthode que celle du Premier Ministre israélien cherchant à dédouaner l'Allemagne hitlerienne du crime génocidaire pour, par un glissement sophiste, en rendre responsable ceux qu'il identifie comme ses adversaires contemporains, les Palestiniens.
Staline n'est pas responsable de ses crimes! C'est Marx, un siècle auparavant, qui est le vrai coupable, et par extension, tous les critiques de l'ordre social sont complices! Joffrin, qui lit peu mais lit mal, ne cite pas Stiglitz, Piketty, Galbraith, Gaebler ou Sedicek comme ces criminels fous furieux qui, en remettant en cause l'ordre social, sont complices du stalinisme, du léninisme aussi.
Non, il cite un auteur bien plus subversif! Attali! Le père spirituel de Macron, l'inspirateur du rapport à Sarkozy de 2008 qui sert toujours de boussole intellectuelle au ministre actuel, et qui sert bien le rapport social et la distribution des richesses actuelles!
Alors que l'instrumentalisation du mufti de Jérusalem, un être minable, criminel et malheureusement impuni, par le Premier Ministre israélien est délirante, l'éditorial de Laurent Joffrin est lui grotesque. Joffrin démonte Marx pour régler un compte de jalousie germanopratine...

(Image: les manifestantes sabrées par la police montée sur le Prater de Vienne, Mars 1848. Image Libre de droit d'après sa source)


Tuesday 15 September 2015

Peux t-on sauver L'union Européenne?

Le monde est violent. Les rapports sociaux aussi. L'inégalité atteint des sommets, toutes les institutions reconnaissent l'échec des théories du ruissellement. Ce ne sont pas les forces vives qui conduisent la communauté à la prospérité, ces forces vives sans encadrement adéquat sont des forces folles, prédatrices.
Ce n'est pas avec les théories de l'apaisement social-liberale, qui échouent à s'attaquer à la misère, qui échouent à stabiliser le monde et établir la paix, que l'on répondra aux défis majeurs d'aujourd'hui.

Absurdité aussi d'une construction européenne bancale, branlante.
Saint-Simon proposait il y a exactement 200 ans une constitution européenne. Elle était fondée non sur le mercantilisme, qui on le voit n'intègre pas les Nations, mais d'abord sur un parlement souverain - pour commencer le processus, celui, uni, des deux pays capables d'être les moteurs de l'Unite européenne, la France et... La Grande-Bretagne. Puis, la Société Européenne devait être régie par un gouvernement et deux chambres.
Pour Saint-Simon, s'il n'y a pas de "Nation Européenne", si donc cette construction ne vise pas à remplacer les Nations, c'est qu'il trouve dans deux autres principes les ciments de ce qu'il nomme "le peuple européen": le christianisme et les Lumiéres, et un symbole, un roi européen.
Un parlement souverain ne peut exister sans peuple lui-même soucieux de sa souveraineté, et aussi conscient d'appartenir à une communauté de destins, d'être peuple. Car, si la démocratie est le principe de la protection des droits de la minorité sous la conduite de la majorité, pour que la minorité ne fasse pas scission il faut bien qu'elle se reconnaisse d'abord comme membre de la communauté, les exemples en ex-Yougoslavie, en Ukraine, montrent ce que cela signifie, "faire scission".

La Paix, principe suffisant?
L'Europe créé au lendemain de la guerre était unie par son souvenir, par les deuils et les souffrances, par les ruines. Elle était certes divisée par deux principes extérieurs et antinomiques: le libéralisme mercantile d'un côté, l'hégémonie stalinienne de l'autre.
Il y eut donc deux intégrations: l'une volontaire et mercantile, ayant pour double objet de relancer production et consommation, et d'élargir ainsi le marché des biens et services, et l'autre imposée, ayant pour objet de rationaliser et spécialiser les productions nationales tout en garantissant des débouchés aux produits soviétiques.
La création de structures démocratiques fut lent. Une des deux intégrations échoua d'ailleurs tant économiquement que politiquement, et la deuxième, confondant capitalisme et démocratie, crut que l'extension créerait d'elle-même un sentiment commun.
En 2015, qui se souvient du traumatisme européen au sortir des guerres napoléoniennes? Le rêve de Saint-Simon nait au moment où les princes et rois cherchent à définir une alliance européenne garantissant le règlement pacifique des conflits entre eux, et de construire une Europe - chrétienne, monarchique, oligarchique - prospère et pacifiée.
En 2015, qui a encore le souvenir des peurs, des angoisses, de la faim des années de guerre? Les générations qui ont vécu la guerre nous quittent. La plupart des Européens ont une expérience abstraite de la guerre. Le terrorisme n'est pas grand chose en comparaison.
Quelle expérience commune, quelles valeurs et quels principes pour ce peuple européen post-guerre froide? Sur quels principes communs peuvent s'accorder les peuples et les nations pour qu'un parlement soit reconnu souverain?

Une intégration économique qui exacerbe les concurrences entre peuples, entre classes
Le mercantilisme a exacerbé les concurrences entre Nations européennes. La libéralisation a créé une accumulation de richesses auprès de quelques uns. Cette élite économique est bien sûr traversé de contradictions mais partage les mêmes valeurs, le même accès au voyage, aux ressources symboliques.
Cette elite-là croit incarner le peuple européen.
Cette exacerbation des richesses s'accompagne d'une paupérisation des 50% les moins riches. Terrible échec de toutes les gauches européennes! La pauvreté aujourd'hui est plus largement répartie, plus profonde dans ses structures, plus difficile à combattre qu'en 1990!
Comment s'étonner des lors que ce peuple là ne se reconnaisse pas dans un projet commun dont il est le grand perdant?
La compétition entre peuples s'accompagne aussi de la concurrence entre pauvres. C'est ainsi que la division des perdants de l'intégration européenne empêche la constitution d'un front progressif, social, et européen.
Pire, L'Europe devient symbole de l'oligarchie, de la bourgeoisie des 30% qui s'en tirent le mieux, d'une machine broyant les destins, expropriant les faibles ressources mises de côté, détruisant les protections collectives et les capitaux socialises (Retraite, Assurance Santé, Chômage).
Tant la droite que la gauche radicales voient dans les espaces nationaux les espaces où il est possible de diviser les élites européennes, de jouer sur leur contradiction, pour y construire des agendas alternatifs.
Il n'y aura pas de réorientation européenne - du moins pas avec la social-démocratie.

Mais l'espace des Nations nous ramène forcément à 1792, à 1939. Il n'a fallu que trois ans à la Yougoslavie pour passer d'un espace intégré à la guerre civile. L'Ukraine c'est L'Europe et c'est maintenant.
Il existe une alternative: L'Europe sociale. Elle pre-suppose la sortie des Traités existants et une refondation, sans doute seulement avec un coeur de pays progressistes, sur une base sociale et solidaire.
Mais face à la réalité objective et les enseignements réels des 9 premiers mois de 2015, une idée est morte: celle d'un mouvement initiée par la gauche europeaniste de l'intérieur.
Cette Union Européenne ne peut être réorienté de l'intérieur. Les élites social-démocrates qui vivent de cette chimère n'y ont d'ailleurs aucun intérêt, et c'est bien l'échec du PSE que de n'avoir jamais formulé théoriquement et politiquement le cadre nécessaire à une réorientation.

Construisons avec les forces qui le souhaitent les conditions d'un dépassement de L'Union Européenne.

Mathieu Pouydesseau
Membre du Conseil National (s) du Parti Socialiste
Section des Isolés

Tuesday 8 September 2015

Politique, Responsabilité, Incohérences et Espoir

Hier, donc, deux dirigeants socio-democrates européens se sont exprimés sur la crise des réfugiés et sur ce que cela signifiait pour L'Europe. François Hollande a annoncé un accueil exceptionnel de la France de... 24000 demandeurs d'asile sur deux ans. Sigmar Gabriel, vice chancelier allemand et ministre de l'économie, a déclaré que L'Allemagne pouvait, sans besoin de nouveaux financement ou de hausses d'impôt, accueillir 20 fois plus de réfugiés (500000) et ce, par an.
Responsabilité: L'Allemagne découvre, où plutôt re-découvre, avoir et une capacité de mobilisation civile forte, et un coeur. Elle mobilise des moyens exceptionnels - 6 Milliards D'euros - et ne comprends pas pourquoi L'Europe traîne les pieds pour créer un fonds solidaire à hauteur de 1 Milliard.
Mais c'est bien là le résultat de la vision allemande de L'Europe! Pourquoi L'Europe, aveugle au niveau politique sur la crise humanitaire en Grèce, et dans la bataille des images, pour l'opinion, les solidaires ont perdu, serait plus ouverte aux réfugiés?
La remarque cynique de Orban, déclarant que les réfugiés sont un problème allemand, reflète les remarques de Schäuble, estimant que la Grèce doit résoudre son problème tout seul.
Et c'est là où on arrive aux incohérences.
Il est impossible de demander aujourd'hui, comme le fait l'allié bavarois de Merkel, à L'Europe de régler solidairement ce problème, lorsque les droites européennes, à l'unisson, et avec la complicité de certains socio-democrates - je pense aux hollandais, aux slovaques, aux roumains - detricotent tous les instruments de solidarité européenne.
C'est Merkel, Cameron, Orban qui ont pesé pour qu'en 2013 le budget - planifié pour 7 ans en plus, hors de tout contrôle parlementaire ou de tout rythme électoral - de L'Union Européenne soit diminué, avec le seul grand programme social, le plan d'aide alimentaire aux démunis, réduit de moitié.
Au même moment on assiste à une explosion en Grande Bretagne des soupes populaires, partout en Europe les banques alimentaires peinent à couvrir les besoins D'européens qui connaissent, dans nos sociétés riches et abondantes, la faim.
Hollande, comme Renzi, ont essayé des aménagements aux marges, sans cependant engager les rapports de force politique au fond. Le seul qui a posé le problème politique fut Tsipras, mais sans allié, il s'est fait crucifié, traumatisé, il est comme ce personnage de Games of Thrones, qui se fait appeler Rick et sert son bourreau.
Comment demander une Europe solidaire et partageant l'accueil des réfugiés lorsque L'Europe refuse par dessein cette solidarité dans toutes les autres affaires la concernant?
Et c'est là où je vois un espoir: les opinions publiques bougent. Les images touchent, l'émotion change de nature. De la peur, de l'égoïsme, on passe à la compassion, à la charité pure.
Ce n'est pas encore un retournement conscient, politique.
Il y a pourtant des signes: 1,6 millions d'allemands ont signé la pétition et s'engagent massivement dans les actions contre le Traité de libre échange transatlantique.
300000 britanniques rejoignent le Labour parce qu'enfin ł'aile gauche se voit accorder une tribune.
Il y a l'émotion des Européens et dans beaucoup de pays leurs belles actions.
Il y a aussi des prises de conscience politique.

Friday 13 February 2015

La social-démocratie européenne à la croisée des chemins

Nous sommes à une croisée des chemins.

Les lignes bougent. Au Parlement européen, un rassemblement s'esquisse. L'appel ci-dessous de députés européens issus de la Gauche Européennes, des Verts, du PSE, notamment avec notre Premier Signataire Emmanuel Maurel, montre que ce débat progresse. Le SPD cependant, dont l'aile gauche est pourtant bien représenté au Parlement Européen, n'a pas signé.

Rappelons quelques faits: en 2009, Sigmar Gabriel a lancé une prudente réorientation du SPD - tombé à 20% après Schröder et la première grande coalition - vers la gauche. C'est ce qu'il a formulé en 2011 en "Mitte-links" "au milieu, à gauche", quand Schröder ne parlait que de "Mitte" - du milieu. Cette réorientation prudente permit au SPD de remonter dans les sondages au delà de 25%, et a la direction du SPD de construire une stratégie majoritaire sur l'alliance unique avec les Verts. Le parti restait très divisé entre ceux favorables d'étendre cette alliance aux Linken et ceux voyant plus de points communs avec la CDU.
La désignation obscure de Steinbrück, l'homme le plus à droite du SPD, prit tout le parti a contre-pied. Le résultat fut décevant - 25%, loin des 30 espérés.
Par chance, la stratégie de Merkel, de siphonner les libéraux du FDP - ses anciens alliés- pour obtenir une majorite parlementaire absolue échoua - l'AFD populiste et ses 4,7% en étant pour quelque chose.
Deux possibilités de majorite sont donc possibles au Bundestag : une alliance Linke-Verts-SPD ou la grande coalition que Gabriel décida de faire. Dans un moment de démocratie interne inédit pour le SPD, les militants votèrent sur le contrat de coalition avec la CDU et l'accepteront a 75% de Oui.
Depuis, malgré la mise en place de mesures authentiquement de gauche (ne citons que le SMIC mais il y en a d'autres), le SPD, sans stratégie claire, stagne autour de 25%. La somme des gauches reste stable autour des 43% obtenus en 2013.
Le problème, c'est que si près de 15% des suffrages de 2013 ne sont pas représentés au Bundestag (dispersés sur des partis sous les 5%), il est quasiment sur que l'AfD aura des députés en 2017. La CDU-CSU restant stable à 40% elle pourra choisir son partenaire de coalition entre Verts, SPD ou AfD.
Il y a pourtant au sein de la gauche allemande de plus en plus de voix qui parlent pour une grande coalition de gauche, des Linke au SPD. Même des "réformateurs" SPD commencent à s'interroger sur l'échec de la stratégie de Gabriel, dont la réorientation prudente l'est trop, invisible de l'électeur.
De plus, désemparé, Gabriel tombe dans des réflexes autocratiques, prenant le contre-pied d'une Motion de son parti voté dans une séance qu'il présidait sur le TAFTA, rencontrant et légitimant par la même les populistes de Pegida.
 Le budget allemand va être en équilibre, mais au prix d'un ralentissement de la croissance européenne, d'un retard d'investissements sur les infrastructures considérable, et d'une aggravation de la pauvreté et des inégalités.
L'enjeu d'un nouveau pacte majoritaire à gauche passe donc par une politique active de reprise de l'activité, ce qu'on simplifie sous le nom de politique de croissance même lorsqu'elle implique des investissements massifs pour la transition écologique et vers l'économie durable.
Finalement, la gauche allemande est au même point de débat que toutes les gauches européennes: continuer l'aggiornamento avec les droites et cette grande coalition européenne, austéritaire, injuste, inefficace et donc impopulaire, ou constituer un nouveau pacte majoritaire à sa gauche.
Toute la social-démocratie européenne est devant finalement ce choix : décrépir comme le PASOK, où se transformer comme Syriza.
Rappelons ici que Syriza n'est pas né des partis de la gauche du PASOK, mais d'une scission du PASOK sur cette question du contenu politique du pacte majoritaire et de l'alliance ou non avec les droites.
Notre congrès de Juin 2015 n'est donc pas, comme semble le penser Manuel Valls, le jeu de cinglés dans le bac à sable, mais bien le débat fondamental auquel est confronté l'ensemble de la social-démocratie européenne.
Il est d'ailleurs à ce sujet dommage, mais aussi révélateur, que le congres du PSE qui a lieu la semaine suivant notre congres, n'a dans son programme provisoire aucune trace de ce débat la, ni aucun vote de prévu entre motions et propositions de stratégie différentes.

C'est à nous, socialistes français, de peser sur ce débat en prenant pleinement notre place dans le congrès dePoitiers.