Nous sommes à une croisée des chemins.
Les lignes bougent. Au Parlement européen, un rassemblement s'esquisse. L'appel ci-dessous de députés européens issus de la Gauche Européennes, des Verts, du PSE, notamment avec notre Premier Signataire Emmanuel Maurel, montre que ce débat progresse. Le SPD cependant, dont l'aile gauche est pourtant bien représenté au Parlement Européen, n'a pas signé.
La désignation obscure de Steinbrück, l'homme le plus à droite du SPD, prit tout le parti a contre-pied. Le résultat fut décevant - 25%, loin des 30 espérés.
Par chance, la stratégie de Merkel, de siphonner les libéraux du FDP - ses anciens alliés- pour obtenir une majorite parlementaire absolue échoua - l'AFD populiste et ses 4,7% en étant pour quelque chose.
Deux possibilités de majorite sont donc possibles au Bundestag : une alliance Linke-Verts-SPD ou la grande coalition que Gabriel décida de faire. Dans un moment de démocratie interne inédit pour le SPD, les militants votèrent sur le contrat de coalition avec la CDU et l'accepteront a 75% de Oui.
Depuis, malgré la mise en place de mesures authentiquement de gauche (ne citons que le SMIC mais il y en a d'autres), le SPD, sans stratégie claire, stagne autour de 25%. La somme des gauches reste stable autour des 43% obtenus en 2013.
Le problème, c'est que si près de 15% des suffrages de 2013 ne sont pas représentés au Bundestag (dispersés sur des partis sous les 5%), il est quasiment sur que l'AfD aura des députés en 2017. La CDU-CSU restant stable à 40% elle pourra choisir son partenaire de coalition entre Verts, SPD ou AfD.
Il y a pourtant au sein de la gauche allemande de plus en plus de voix qui parlent pour une grande coalition de gauche, des Linke au SPD. Même des "réformateurs" SPD commencent à s'interroger sur l'échec de la stratégie de Gabriel, dont la réorientation prudente l'est trop, invisible de l'électeur.
De plus, désemparé, Gabriel tombe dans des réflexes autocratiques, prenant le contre-pied d'une Motion de son parti voté dans une séance qu'il présidait sur le TAFTA, rencontrant et légitimant par la même les populistes de Pegida.
Le budget allemand va être en équilibre, mais au prix d'un ralentissement de la croissance européenne, d'un retard d'investissements sur les infrastructures considérable, et d'une aggravation de la pauvreté et des inégalités.
L'enjeu d'un nouveau pacte majoritaire à gauche passe donc par une politique active de reprise de l'activité, ce qu'on simplifie sous le nom de politique de croissance même lorsqu'elle implique des investissements massifs pour la transition écologique et vers l'économie durable.
Finalement, la gauche allemande est au même point de débat que toutes les gauches européennes: continuer l'aggiornamento avec les droites et cette grande coalition européenne, austéritaire, injuste, inefficace et donc impopulaire, ou constituer un nouveau pacte majoritaire à sa gauche.
Toute la social-démocratie européenne est devant finalement ce choix : décrépir comme le PASOK, où se transformer comme Syriza.
Rappelons ici que Syriza n'est pas né des partis de la gauche du PASOK, mais d'une scission du PASOK sur cette question du contenu politique du pacte majoritaire et de l'alliance ou non avec les droites.
Notre congrès de Juin 2015 n'est donc pas, comme semble le penser Manuel Valls, le jeu de cinglés dans le bac à sable, mais bien le débat fondamental auquel est confronté l'ensemble de la social-démocratie européenne.
Il est d'ailleurs à ce sujet dommage, mais aussi révélateur, que le congres du PSE qui a lieu la semaine suivant notre congres, n'a dans son programme provisoire aucune trace de ce débat la, ni aucun vote de prévu entre motions et propositions de stratégie différentes.
C'est à nous, socialistes français, de peser sur ce débat en prenant pleinement notre place dans le congrès dePoitiers.
No comments:
Post a Comment