Tuesday 8 September 2015

Politique, Responsabilité, Incohérences et Espoir

Hier, donc, deux dirigeants socio-democrates européens se sont exprimés sur la crise des réfugiés et sur ce que cela signifiait pour L'Europe. François Hollande a annoncé un accueil exceptionnel de la France de... 24000 demandeurs d'asile sur deux ans. Sigmar Gabriel, vice chancelier allemand et ministre de l'économie, a déclaré que L'Allemagne pouvait, sans besoin de nouveaux financement ou de hausses d'impôt, accueillir 20 fois plus de réfugiés (500000) et ce, par an.
Responsabilité: L'Allemagne découvre, où plutôt re-découvre, avoir et une capacité de mobilisation civile forte, et un coeur. Elle mobilise des moyens exceptionnels - 6 Milliards D'euros - et ne comprends pas pourquoi L'Europe traîne les pieds pour créer un fonds solidaire à hauteur de 1 Milliard.
Mais c'est bien là le résultat de la vision allemande de L'Europe! Pourquoi L'Europe, aveugle au niveau politique sur la crise humanitaire en Grèce, et dans la bataille des images, pour l'opinion, les solidaires ont perdu, serait plus ouverte aux réfugiés?
La remarque cynique de Orban, déclarant que les réfugiés sont un problème allemand, reflète les remarques de Schäuble, estimant que la Grèce doit résoudre son problème tout seul.
Et c'est là où on arrive aux incohérences.
Il est impossible de demander aujourd'hui, comme le fait l'allié bavarois de Merkel, à L'Europe de régler solidairement ce problème, lorsque les droites européennes, à l'unisson, et avec la complicité de certains socio-democrates - je pense aux hollandais, aux slovaques, aux roumains - detricotent tous les instruments de solidarité européenne.
C'est Merkel, Cameron, Orban qui ont pesé pour qu'en 2013 le budget - planifié pour 7 ans en plus, hors de tout contrôle parlementaire ou de tout rythme électoral - de L'Union Européenne soit diminué, avec le seul grand programme social, le plan d'aide alimentaire aux démunis, réduit de moitié.
Au même moment on assiste à une explosion en Grande Bretagne des soupes populaires, partout en Europe les banques alimentaires peinent à couvrir les besoins D'européens qui connaissent, dans nos sociétés riches et abondantes, la faim.
Hollande, comme Renzi, ont essayé des aménagements aux marges, sans cependant engager les rapports de force politique au fond. Le seul qui a posé le problème politique fut Tsipras, mais sans allié, il s'est fait crucifié, traumatisé, il est comme ce personnage de Games of Thrones, qui se fait appeler Rick et sert son bourreau.
Comment demander une Europe solidaire et partageant l'accueil des réfugiés lorsque L'Europe refuse par dessein cette solidarité dans toutes les autres affaires la concernant?
Et c'est là où je vois un espoir: les opinions publiques bougent. Les images touchent, l'émotion change de nature. De la peur, de l'égoïsme, on passe à la compassion, à la charité pure.
Ce n'est pas encore un retournement conscient, politique.
Il y a pourtant des signes: 1,6 millions d'allemands ont signé la pétition et s'engagent massivement dans les actions contre le Traité de libre échange transatlantique.
300000 britanniques rejoignent le Labour parce qu'enfin ł'aile gauche se voit accorder une tribune.
Il y a l'émotion des Européens et dans beaucoup de pays leurs belles actions.
Il y a aussi des prises de conscience politique.

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